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chroniques pathétiques du Rieutord
9 février 2018

Notre cher commerce

                                                      

Avec madame Poissard, ma femme, nous tenons une boulangerie. Enfin, c’est pas une vraie boulangerie : c’est un terminal de cuisson… un point chaud, comme ils disent ; Parce que on veut bien faire du fric, mais oh ! Faut pas déconner, je vais pas me lever tous les matins à trois heures ! Sans blague !

Non, moi je me lève à sept heures, j’ouvre le magasin à huit heures, pour vendre les restes de la veille, et les emmerdeurs, s’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à aller à Super Cul : qui ouvre à neuf heures… Hé Hé.

En deux heures, je décongèle les pâtons, monte le four à 150° sel suisse et le tour est joué : madame Poissard arrive à dix heure et se tanque derrière sa caisse préférée : celle qui ne rend pas la monnaie !

Non, je déconne, elle la rend quand les clients reste la main tendue... et là, elle arbore son sourire de politicien qui vient de prendre un râteau aux élections : "Excusez moi j'chui pas encore bien réveillée : mon Poissard m'a astiquée grave, c'te nuit".

Même qu'un jour y'a une jeunette qui, du tacle au tacle, lui a dit : "Ben le mien il mastique plusieurs fois par jour attendu qu'il est vitrier !"

"J'vois pas le rapport" C'est le seul truc qu'elle a trouvé à répondre, ma Poissard qui a ajouté entre ses dents : "T'as qu'a aller à Super Cul, Connasse !"

Mais, pour balancer sa vacherie, elle a quand même attendu que l'autre ait tourné les talons... Hé ! on va quand même pas perdre des clients, non ?

Notez qu’avec Super Cul, on a au moins un point commun : les vrais boulangers, on peut pas les blairer : Tous des prétentieux… Ils te marquent bien gros dans leur magasin :

"Notre pain est entièrement fabriqué dans notre fournil"… Pauvres cons ! Est-ce que nous on marque :

"On sait pas ou notre pain a été fabriqué"?

Et pourtant on le sait pas…

Comme dit le représentant des pâtons congelés :

- Le jour où le gouvernement vous oblige à marquer tous les produits qu’il y a dans votre pain, vous avez aussi vite fait d’ouvrir une pharmacie !

Et ne croyez pas que c’est facile de tenir un point chaud: tous les emmerdeurs, ils sont pas à Super Cul, si vous voyez ce que je veux dire…

Il y en a un que je peux pas blairer : genre intellectuel fatigué… c’est au moins un prof ! Alors, au début qu’il venait, il nous racontait qu’il avait fait l’école des Jésuites d’Arcachon, quand il habitait chez sa marraine d'Oléron, puis l’école des Jésuites de Bouzigues… Qu’est-ce qu’on en a à foutre de là où il a été à l’école !

Té, pas plus tard que dimanche, il se pointe avec sa tronche de lumière éteinte et avec son accent qu’on dirait Balladur qui gronde Sarkozy, il fait à madame Poissard, ma femme :

- Pourrais-je avoir dix croissants dans l’ordre décroissant madame Poissard ? Alors, la mienne, complètement paniquée, elle lui dit :

- Désolée monsieur, nous n’avons pas ça ici… Moi, la moutarde qui me démonte le nez, j’y fais un gros clin d’œil, à madame Poissard, ma femme, et j’y dis :

-Laisse, Maman, je m’en occupe, puis, je me tourne vers l’asticot et d’un regard méchant j’y fais :

-Alors, monsieur, y a un problème ? Et l’autre, pouêt pouêt pouêt… de trouille, il a rien dit…

Comme ça, j’ai pu y filer des croissants normaux…

Et voilà pas qu’il insiste le désossé ? IL me tend un billet de cent euro comme si que j’allais lui dire que j’avais pas de monnaie et qu’il payerait plus tard…

Té ! Que dalle, j’y ai refilé toute ma monnaie et tant pis si j’en avais plus !

Et puis, qu’il me dit, la bouche en cul de moule :

- Heu… voilà, je suis un peu fauché en ce moment, vous seriez aimable de ne dépenser ce billet que dans quinze jours…

Moi j’ai dis oui, bien sûr car il faut jamais dire non dans un commerce, mais le billet on l’a dépensé le lendemain, avec madame Poissard, ma femme.

Non mais, sans blague ! On va pas tenir une comptabilité parallèle pour les clients fauchés, non ? On a déjà assez de boulot avec notre black…

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